jeudi 29 juillet 2010

Bazar littéraire - Murakami et la prostitution

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Avec un déménagement dans les pattes, pas simple de reprendre les bonnes habitudes. Voici donc un nouvel épisode du bazar littéraire consacré aujourd'hui à l'écrivain Ryu Murakami et son livre Miso Soup.

lundi 5 juillet 2010

Bazar littéraire - Halimi et le journalisme

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Nouvel épisode du bazar littéraire, au programme "Halimi et le journalisme" ou comment présenter le livre Les Nouveaux chiens de garde.

lundi 28 juin 2010

Extrait - Jean Lorrain et les mondains

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Redirection en htm Jean Lorrain fait parti de ce courant littéraire que l'on appelle le Décadentisme. On retrouve dedans des écrivains plus connus comme Barbey d'Aurevilly ou Huysmans. Dandys bien souvent, mélancoliques voire nihilistes, ils marquent les esprits grâce à une écriture raffinée doublée d'un vrai désespoir.

Dans son livre, Monsieur de Phocas, Lorrain nous décrit son personnage principal comme sujet à des pulsions meurtrières. Voyant des masques partout, il développe une haine incroyable pour ses congénères et rêve de tuer quelqu'un. Le passage qui suit retranscrit le virulent portrait des mondains que fréquente le protagoniste.

Jean Lorrain, un vrai décadent

"Depuis que je le connais, la présence des autres m'est devenue plus intolérable encore, leur conversation surtout ! Oh ! comme elle m'angoisse et comme elle m'exaspère, et leur attitude, et leur façon d'être, et tout, et tout !... Les gens de mon monde, mes tristes pareils, comme tout ce qui vient d'eux m'irrite, m'attriste et m'oppresse, leur vide et bruyant bavardage, leur perpétuelle et monstrueuse vanité, leur effarant et plus monstrueux égoïsme, leurs propos de club !
Oh ! le ressassage des opinions toutes faites et des jugements appris, le vomissement automatique des articles lus, le matin, dans les feuilles et qu'on reconnaît au passage, leur désespérant désert d'idées, et là-dessus l'éternel plat du jour des clichés trop connus sur les écuries de courses et les alcôves des filles...et les loges des petites femmes ! Les petites femmes, autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi !
Ô mes contemporains, mes chers contemporains,... leur idiot contentement d'eux-mêmes, leur suffisance épanouie et grasse, le stupide étalage de leurs bonnes fortunes, les vingt-cinq et cinquante louis sonnant de leurs prouesses tarifées toujours aux mêmes chiffres, leurs gloussements de poules et leurs grognements de porcs, quand ils prononcent le nom de certaines femmes, l'obésité de leurs cerveaux, l'obscénité de leurs yeux et la veulerie de leur rire ! Beaux pantins d'amour en vérité, avec l'affaissement esquinté de leurs gestes et le démantibulé de leur chic (le chic, un mot hideux qui sied comme un gant neuf à leur allure, affalée, de croque-morts, épanouie, de Falstaff)... Ô mes contemporains, les ceusses de mon cercle, pour parler leur argot ignoble, depuis le banquier juif qui les a eues toutes et racole cyniquement pour l'Affaire, jusqu'au gras journaliste qui a son couvert, lui aussi, chez toutes, mais à de moindres taux, et parle tout haut ses articles, comme je les hais, comme je les exècre, comme j'aimerais leur manger et le foie et le fiel et comme je comprends les bombes de l'Anarchie !"

dimanche 27 juin 2010

Extrait - Cavanna et l'enfance

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Redirection en htm Cavanna n'est pas qu'un journaliste/éditorialiste, il est, ou a été plutôt, un écrivain talentueux. Dans la veine d'un Alphonse Boudard, avec un langage argotique et une certaine nervosité dans les descriptions, ce fils d'italiens dépeignait son enfance de manière admirable dans son livre Les Ritals. L'enfance dans une France en reconstruction, encore bricolée, avec la cruauté du quotidien de ces chers bambins. Une enfance avec ses initiations également. Premiers larcins, premières découvertes sexuelles. Du coup, derrière la virulence du langage, se cache une grande tendresse et un beau livre sur l'enfance.

Dans l'extrait ci-dessous, on peut lire un portrait/critique du narrateur à propos des pêcheurs. Drôle, vif et d'une incroyable justesse. Le regard acéré ou comment critiquer les petites gens, avec intelligence.

 L'écriture, toujours l'écriture

"Sur la Marne, il y a aussi les pêcheurs. Des vieilles merdes qui louent un emplacement avec un piquet pour amarrer une barque plate, peinte en vert, aussi déprimante à voir qu'une pantoufle charentaise. Ils restent là, des plombes et des plombes, à guetter le bouchon, faut avoir de la purée de marrons à la place du cerveau.Et quand ils en sortent un, ces enfoirés, un gardon comme mon petit doigt, je me barre, je les fracasserais à coups de parpaing, je les balancerais à la baille, je sens la colère rouge qui monte. Pourriture de braves gens ! Ils te décrochent la bestiole, la gueule arrachée, la jettent dans le panier de zinc, et là, elle se tortillera bâillera étouffera pendant des heures, tout ça pour que ces connards à bidoche grise, à bajoues et à mégot aient un peu de saine distraction au bon air !"

lundi 21 juin 2010

L'atelier d'écriture - nouveau chapitre du roman

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Un nouveau chapitre de mon roman est en ligne sur My Major Company Books. Je vous mets ici l'accroche du chapitre. Pour lire la suite, il faudra cliquer sur le lien. Le chapitre s'appelle "L'Atelier d'écriture" et projette notre narrateur/personnage dans un atelier de ce type. L'occasion pour lui de se divertir de l'aliénation du travail qu'il effectue chaque jour.

On fait chauffer les neurones

"Je me suis dit que ce n’était pas une mauvaise idée. Du coup, j’ai cherché. Un peu partout, sur Internet, dans les petites annonces du journal. Il me fallait trouver quelque chose, de quoi compenser mes longues journées de boulot par une activité prenante. J’avais choisi l’écriture.
            Le choix n’avait rien eu de cornélien. Trop fainéant pour m’astreindre à une activité physique, j’avais rapidement rayé du champ des possibilités le sport. L’écriture ? Pourquoi pas ? Du moment que ça me permettait de vider ma bile, de souffler un bon coup et de craquer légalement. Peu m’importait le moyen, seule la cause méritait qu’on s’y attarde.
            Pour pouvoir écrire, il faut écrire comme disait Bukowski. Comme je nageais en plein flou, je me suis dit qu’un petit coup de pouce ne serait pas de trop. Au lieu de me coltiner des livres, d’écrire péniblement comme un cheval de trait, l’atelier d’écriture se dressait devant moi comme une option viable et intelligente.
            « Aux belles lettres », sous ce nom un peu niais se cachait en réalité un atelier d’écriture, ouvert à tous, moyennant finance, en plein huitième arrondissement de Paris. C’est plus le hasard qui me décida à jeter mon dévolu sur cette association qu’un choix mûri comme il se doit. Après un coup de téléphone somme toute classique, je me décidai à m’y rendre le lundi suivant, jour de repos du bibliothécaire."


Le lien : http://www.mymajorcompanybooks.com/Auteurs/hassler/

dimanche 20 juin 2010

Extrait - Benjamin Constant et le triangle amoureux

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Redirection en htm Benjamin Constant est surtout connu aujourd'hui pour son roman Adolphe. Une histoire d'amour où se mêlent le cérébral et le sentimental. Même s'il est réducteur de résumer notre ami à ce seul titre, il faut convenir que le-dit livre renferme quelques passages touchants où le style, précieux mais jamais maniéré, arrive à retranscrire ces évolutions infimes des sentiments d'un être en proie à l'amour.

Dans le passage qui va suivre, notre narrateur/personnage évoque la complexité de l'homme et toute la difficulté d'aborder la femme que l'on aime. Simple, juste, touchant.

Benjamin nous parle de l'homme et de sa complexité

"Cette situation se prolongea. Chaque jour, je fixais le lendemain comme l'époque invariable d'une déclaration positive, et chaque lendemain s'écoulait comme la veille. Ma timidité me quittait dès que je m'éloignais d'Ellénore; je reprenais alors mes plans habiles et mes profondes combinaisons : mais à peine me retrouvais-je auprès d'elle, que je me sentais de nouveau tremblant et troublé. Quiconque aurait lu dans mon coeur, en son absence, m'aurait pris pour un séducteur froid et peu sensible; quiconque m'eût aperçu à ses côtés eût cru reconnaître en moi un amant novice, interdit et passionné. L'on se serait également trompé dans ces deux jugements : il n'y a point d'unité complète dans l'homme et presque jamais personne n'est tout à fait sincère ni tout à fait de mauvaise foi."

mardi 15 juin 2010

Bazar littéraire - Céline et l'enfance

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Nouvel épisode après plus jours voire semaines d'attente du bazar littéraire. Au programme, le livre Mort à crédit de Céline. Un témoignage sur l'enfance.


lundi 14 juin 2010

Extrait - Nada et la naissance

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Redirection en htm Pour bien commencer la semaine, je me suis dit qu'il était de bon ton de vous faire découvrir un jeune auteur, il a publié il y a presque un an son premier roman, Nada. Percutant, violent, son livre Hécatombe nous fait suivre la destinée d'hommes et de femmes cherchant à combler le vide de leur existence par l'ultra-violence, la sexe et le drogue. Chacun poussant son vice, sa consommation, jusqu'à la destruction.

L'extrait qui suit n'est autre que l'ouverture du roman, on découvre le personnage de Maxence avant sa rencontre avec un groupe de skinheads.

 Nada en dédicace

"Maxence avait toujours su que sa vie ne lui serait d'aucune utilité.Avant même de le savoir, il l'avait senti, quand sa mère arrivée au terme de sa grossesse avait vêlé dans la chambre climatisée d'une clinique privée.
Il était né sans difficultés, sans trop occasionner de souffrances à sa génitrice suffisamment sereine et concentrée pour laisser son utérus se dilater au maximum. Elle avait poussé, elle avait crié, il était sorti, pas d'anomalie à signaler. Un braillard anodin surgi d'une matrice anonyme lors d'un accouchement sans surprise.

Toutes les conditions requises étaient réunies pour permettre à Maxence d'être broyé par les mâchoires d'une vie atrocement normale. Digéré, puis réduit à l'état de matière par l'estomac d'une existence frigide, il n'avait somme toute qu'à se laisser chier dans la fosse septique urbaine où s'agglutinait, grouillante, la masse en mouvement."

Je signale d'ailleurs que j'ai eu l'occasion de rencontrer l'auteur et que je vais mettre en place sous peu une interview pour lui donner l'occasion de s'exprimer sur son roman, l'écriture et la littérature plus largement.

samedi 12 juin 2010

Moi et My Major Company Books

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Pour ceux qui veulent me lire, au lieu de retrouver des extraits éparpillés, je me suis inscrit au site My Major Company Books. Ce site reste une arnaque, de l'auto-édition déguisée, mais vous permet de mieux me découvrir et me lire.

 La nouvelle mode et moi


J'ai posté le premier chapitre du roman sur lequel je suis actuellement, format pdf, avec la liseuse du site ça passe niquel. Voilà.

jeudi 10 juin 2010

Fin du chapitre, le concert surprise

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La fin du chapitre, Le concert surprise


Ce soir, c'est combat !

"Seulement, je n’étais pas Mère Térésa et mon catéchisme n’était qu’un lointain souvenir. Je la pris par le bras, il fallait bien dégager le passage. A la première secousse, un gémissement. Elle bredouillait des choses complètement inintelligibles. Des sortes de râle de pitié. Son bédot encore à la main, elle avait le bout des doigts calcinés.

A force de garder trop longtemps la précieuse convoitise, cette conne se rôtissait elle-même, en partant des pognes. La colère doublée à une furieuse envie de rendre à César ce qui lui appartient, je soulevai cette blonde décolorée par le col. Mon pantin ne bougeait pas, il se balançait mollement au bout de mes bras. Furieux, je lui assénai une violente droite en pleine face. Une belle manière de rompre avec la fameuse galanterie masculine. K.O en un coup. Tel un Tyson de la belle époque, j’envoyai mon adversaire au tapis avec brutalité.

Sa tête frappa le carrelage des water-closets comme un obus sur une plage de Normandie. Le poc que provoqua le choc me fit découvrir un petit cratère presque mignon. Ma victime, qui venait de perdre une dent, saignait fortement de la bouche. On distinguait une protubérance blanche sortir de la cavité buccale. C’était presque beau.

Par habitude, je commençais à sortir mon sexe pour uriner tranquillement mais c’était sans penser à la redoutable secousse qui vint me rappeler, en un quart de seconde, à peine, le mal dont je souffrais. L’estomac se contractait avec force, la douloureuse sensation de chaud que l’on ressent dans l’œsophage devint plus forte que jamais. A peine le temps d’y penser que la gerbe dorée vint moucheter l’intérieur des toilettes.

Deux violentes secousses me mirent à terre. Sur les genoux, je terminai le boulot commencé. Sale et inutile. A force de raclement de gorges, j’expédiai une grande partie de la pourriture qui stagnait il y a encore quelques secondes dans mon estomac. Nauséeux au possible, en sueur, j’essayais de reprendre mes forces pour pouvoir sortir de ces toilettes et par la même occasion quitter cette assemblée.

Les quelques minutes d’effort qui suivirent me semblèrent durer des heures. Titubant, les jambes en coton, une odeur d’œuf pourri se dégageant de ma bouche, je sortis des toilettes, le salon comme ligne d’horizon. De l'herbe s’étalait sur la table, deux joints tournaient tranquillement pour satisfaire chacun.

Ma montre me signalait qu’il était déjà 3 heures du matin. Il fallait partir. Lucie se rapprochait de plus en plus de Baptiste, les groupies se déshabillaient dangereusement, les autres commençaient à planer. Je me mis dans l’idée de leur dire au revoir, à tous, mais je me retiens de le faire. Mon haleine fatale pourrait me porter préjudice. Et puis, j’ai horreur des joints.

D’un geste de la main, je leur montrai qu’il était temps que je rentre. Leurs gueules béats me répondirent avec un horrible sourire. Je pris la porte en emportant avec moi mon mal de ventre. Soirée de merde."

mercredi 9 juin 2010

Le concert surprise - deuxième suite

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La suite du roman, le chapitre "Le Concert surprise".

Fraternisons mes frères

"Comme tout groupe de la même trempe, les paroles avaient leur importance. « Chansons à texte » précisait Baptiste fier de lui. Apparemment, c’était lui l’auteur de ces saillies. Forcément, idéologiquement très marquées. Il s’agissait de traiter un peu tous les problèmes du monde, les belles causes. Des sans-papiers à la pauvreté, les chansons formaient un tel amas de pathos qu’un diabétique en crèverait rien qu’à la vision de ce galimatias.

Moi je ne mourrais pas, je souffrais en silence. Mon statut d’esthète violemment tancé par ces quelques productions musicales. Assez rapidement, toute l’assistance commença à parler musique, plus précisément du groupe de Baptiste. Fier de lui, tel le Candide de Voltaire, notre brave garçon se lança dans une pénible énumération des tentatives du groupe pour percer.

Ils enchaînaient les sortes de crochets et autres compétitions musicales, dès qu’une salle de concert ou une association mettait sur pied quelque chose qui s’apparentait à ça, le groupe se radinait avec ses dernières productions sous le coude. Malgré la médiocrité ambiante, tout entretien se soldait par un échec. Cuisant et violent.

Je me demandais tout de même comment il faisait, tous, pour vivre. S’ils pensaient vivre de leur « art », mieux valait vivre petitement. Ce qui n’avait pas l’air d’être le cas ici vu l’approvisionnement en bières et pizzas qui formaient désormais une sorte de train lascif de la cuisine jusqu’au salon. La question n’était pas taboue mais était vite éludée, j’eus ma réponse au détour d’une conversation. Ils étaient étudiants.

Tous, Baptiste comme ses camarades. Batteur, bassiste, guitariste la nuit et étudiant le jour. Sans trop faire d’effort, je compris avant même que la chose ne me soit confirmée que papa/maman finançait la vie minable de leurs progénitures. Chacun, le cul bien au chaud, pouvait se permettre de plonger à grandes brasses dans le déni du réel puisque le filin qui les retenait à la surface ne lâcherait jamais. Des parents qui paient l’indépendance de leurs enfants, c’est d’un banal.

La bière, ou plutôt les bières, commençait à faire son effet. Sans être pompette, j’avais le cerveau qui commençait à marcher au ralenti. Typique lorsqu’on ne mange pas en même temps que l’on boit. Du coup, avec un temps de latence plus ou moins grand, j’essayais de suivre les discussions hilares qui m’entouraient sans réussir pourtant à raccrocher les wagons.

A ma droite venait de s’engager un discours philosophico-mystique. Ils parlaient politique avec une naïveté à la hauteur de leur ignorance. Comme des artistes. C’était du Tocqueville sans le talent, du Robespierre sans l’audace, du Marx sans la pertinence. Bref, c’était du rien, du vent, du que dalle.

Pourtant, ils ne pouvaient s’empêcher, groupies, fans comme le groupe, de se pignolaient joyeusement, tous ensemble, dans cette espèce de fraternité répugnante que les gauchistes adorent. Ma seule envie à moi, c’était de me diriger vers les toilettes histoire d’évacuer cette mauvaise bière. Je luttais pour ne pas tout renvoyer, là, maintenant, au milieu de cette instance de joyeux drilles.

J’avais autant envie de gerber que de me lever d’un coup, et beugler, avec force et fracas, mon dégoût pour cette bande de crasseux. "Vous me faîtes chier bandes de cons", je ne le dis pas. Emasculé que j’étais par des années de pacifisme et d’éducation socialisante. Mou du genou, chèvre bêlante, petit médiocre forgée à la lumière du prêt à penser.

Mieux valait éviter l’esclandre, même si la chose me chatouillait de plus en plus. Je préférais me diriger vers les toilettes et faire ma petite affaire. A peine arrivé au lieu-dit, je rencontrai une fois encore la colocataire avec son joint dans les mains. Elle dormait à moitié sur la cuvette des chiottes. Comme cassée."

lundi 7 juin 2010

Le concert surprise - la suite

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Aujourd'hui, j'ai décidé de publier la suite du premier extrait du roman sur lequel je travaille actuellement. Souvenez-vous donc, le narrateur/personnage se retrouve, après un concert d'amis d'une amie, dans l'appartement de l'un des musiciens. Après une visite des lieux, les convives se posent et discutent.


Des groupies déchaînées

"La discussion commença rapidement. Je l’entrecoupais de quelques gorgées de bière. Baptiste se tenait  en face de Cécile. Tous les deux, ils parlaient musique, déliraient gentiment sans se douter que je n’y comprenais rien et que ce communautarisme du rire m’emmerdait profondément. Il y a comme une régression mentale chez certains jeunes qui me donne à vomir. Comme si l’intelligence, la réflexion étaient devenues des gros mots qu’ils faillaient battre à coups de rires imbéciles.

Les autres musiciens étaient dispatchés dans la pièce. Deux sur le canapé, un sur un pouf derrière la table basse. Ils parlèrent du concert bien entendu, de musique, tout en caviardant leurs propos d’un jargon branchouille qui m’était étranger. La soirée allait être longue.  

On sonna, c’était les deux groupies de tout à l’heure. Des poufiasses de premier choix, en total admiration devant ces musiciens de bazar. C'était leur Beatles à eux, sans aucun doute. L’une était brune, assez grosse, avec des lunettes, l’autre affichait une blondeur fadasse doublée d’une maigreur déplorable. Leur jovialité masquait difficilement la vacuité de leurs personnes.

Elles vendaient des colliers de perles à la sortie des concerts du groupe. C'était ça leur but dans la vie. Cette espèce de résidu d'une révolte estudiantine attardée. Une idéologie à peine digne des gogues. Des marginales qui, par un mimétisme dont elles ne se rendaient pas compte, reproduisaient les logiques d’un marché qu’elles critiquaient en le simplifiant à l’extrême. Même pas baisables.

Leurs recettes étaient maigrichonnes, pour ne pas dire risibles. Je dus les embrasser, malgré la forte répugnance que j’avais à poser mes lèvres sur ces joues suintantes de gauchistes. La brune portait une de ces écharpes pleine de couleurs et de discrétion comme on en fait de nos jours. L'autre arborait un bandana rouge, noué autour de son poignet. C’était le genre de connes à parler avec effusion de la liberté, sans comprendre que le libre arbitre c’est le degré zéro de la liberté.

Elles s’assirent à côté de moi, sur le canapé. Elles ne pouvaient s’empêcher de rire aux éclats à chaque fois qu’on leur adressait la parole. Comme une mécanique non justifié mais incontrôlable. Je m’efforçais d’afficher un sourire, en dépit de ma nervosité, pour ne pas trop jurer dans cette assemblée de festifs.

Pour créer une ambiance, comme il aimait à le dire, Baptiste venait de lancer un CD des dernières compositions du groupe. Pas encore connu, mais bourré de talent. Il nous l’assurait avec une telle conviction qu’on ne pouvait que rallier son jugement. Le style, s’il fallait le définir, empruntait à beaucoup d’univers existants. Une sorte de melting-pot foutraque où se retrouvait autant la chanson réaliste à la française que des sonorités africaines ou encore un rock calibré jeunes bourgeois"

Extrait - Paul-Louis Courier et la liberté d'expression

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Redirection en htm Fouillant dans les abysses de la littérature, je suis tombé il y a peu sur un personnage aujourd'hui complètement oublié mais diablement intéressant. Son nom, Paul-Louis Courier, pamphlétaire de son état, libéral et anti-clérical en cette fin de 18ième siècle, début 19ième.

Totalement en marge de l'idéologie dominante de son époque, notre homme ne fournit malheureusement que quelques œuvres mineures. Des opuscules littéraires, des lettres et des pamphlets. Pourtant, lorsqu'on lit Le Pamphlet des pamphlets , on découvre le passage que j'ai retranscrit ci-dessous. Une vision de la liberté d'expression reposant des principes libéraux, très anglais, et une certaine idée d'une collectivité pensante et agissante. Chacun corrigeant et proposant pour permettre d'affiner les recherches. Et puis, lorsqu'on lit la description des ennemis de cette expression pleine et entière, on ne peut penser qu'à notre intelligentsia actuelle qui squatte gentiment les plateaux de télévision. Forcément, tellement pertinent.

Paul-Louis, un pamphlétaire oublié

"Laissez dire, laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner, laissez-vous pendre; mais publiez votre pensée. Ce n'est pas un droit, c'est un devoir, étroite obligation de quiconque a un pensée de la produire et mettre au jour pour le bien commun. La vérité est toute à tous. Ce que vous connaissez utile, bon à savoir pour un chacun, vous ne le pouvez taire en conscience. Jenner qui trouva la vaccine eût été un franc scélérat d'en garder une heure le secret; et comme il n'y a point d'homme qui ne croie ses idées utiles, il n'y a point d'homme qui ne croie ses idées utiles, il n'y en a point qui ne soit tenu de les communiquer et répandre par tous moyens à lui possibles. Parler est bien, écrire est mieux; imprimer est excellente chose. Une pensée déduite en termes courts et clairs, avec preuves, documents, exemples, quand on l'imprime, c'est un pamphlet et la meilleur action, courageuse souvent, qu'homme puisse faire au monde. Car si votre pensée est bonne, on en profite, mauvaise on la corrige et l'on profite encore. Mais l'abus...sottise que ce mot; ceux qui l'ont inventé, ce sont ceux qui vraiment abusent de la presse, en imprimant ce qu'ils veulent, trompant, calomniant et empêchant de répondre. Quand ils crient contre les pamphlets, journaux, brochures, ils ont leurs raisons admirables. J'ai les miennes et voudrais qu'on en fît davantage, que chacun publiât tout ce qu'il pense et sait!"

mardi 1 juin 2010

Extrait - Houellebecq et l'amour physique

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Redirection en htm Michel Houellebecq a une marotte bien à lui : le désir et la sexualité  Bien que romancier, Michel a su comprendre intelligemment toute la lutte qui pouvait découler de ces deux points essentiels. Une lutte comme celle se faisant dans le domaine économique. Une moyen de différenciation, de quoi constituer des échelles de valeurs sur lesquelles on placera délicatement les hommes.Pour reprendre le titre du premier roman de Houellebecq, on peut dire que la lutte des classes (lutte économique) se poursuit par la lutte pour une sexualité épanouie. "L'extension du domaine de la lutte". Posséder, être un jouisseur.

Dans l'extrait qui suit, tiré de La Possibilité d'une île, le narrateur nous parle de l'amour physique. Élément fondateur de la relation et surtout d'autres types de relation. C'est bien ce qui est cruel et terrible. Puisque les critères nécessaires pour cet amour physique nécessitent des qualités humaines, physiques aussi forcément, qui déclinent avec l'âge. D'où l'angoisse de la pénétration, l'âge passant.

Michel est jouisseur qui doute

"Lorsque la sexualité disparaît, c'est le corps de l'autre qui apparaît, dans sa présence vaguement hostile; ce sont les bruits, les mouvements, les odeurs; et la présence même de ce corps qu'on ne peut plus toucher, ni sanctifier par le contact, devient peu à peu une gêne; tout cela, malheureusement, est connu. La disparition de la tendresse suit toujours de près celle de l'érotisme. Il n'y a pas de relation épurée, d'union supérieure des âmes, ni quoi que ce soit qui puisse y ressembler, ou même l'évoquer sur un mode allusif. Quand l'amour physique disparaît, tout disparaît; un agacement morne, sans profondeur, vient remplir la succession des jours. Et, sur l'amour physique, je ne me faisais guère d'illusions. Jeunesse,beauté, force : les critères de l'amour physique sont exactement les mêmes que ceux du nazisme. En résumé, j'étais dans un beau merdier."

vendredi 28 mai 2010

Bazar littéraire - Gainsbourg et ses vents

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Nouvel épisode du Bazar Littéraire, le troisième déjà.

Au programme, le livre de Serge Gainsbourg, Eugénie Sokolov. Un conte parabolique étonnant.




jeudi 27 mai 2010

Extrait - Finkielkraut et le préjugé

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Redirection en htm Aujourd'hui, petit détour par l'un de nos contemporains, Alain Finkielkraut. Plus penseur, essayiste, que philosophe, Finkielkraut reste pourtant une figure intellectuelle intéressante de notre époque. Dans son ouvrage, La Défaite de la pensée, on peut lire une critique de ce temps qui ne cesse de renier ses fondements, la culture et donc son identité, pour des données marchandes. En clair, l'éradication de ce qui n'est pas dans le marché par le marché.

Dans l'extrait qui suit, Finkielkraut nous parle des contre-révolutionnaires et du préjugé comme fédération d'un peuple. Là où les philosophes ne voient qu'un ennemi à combattre. Une critique rare dans une époque où le milieu scolaire ne cesse de chérir les philosophes des Lumières.

Alain défend les préjugés

"En proclamant leur amour du préjugé, contre-révolutionnaires français et romantiques allemands réhabilitent le terme le plus péjoratif de la langue des Lumières, et - comble d'audace, provocation suprême - ils l'élèvent à la dignité de culture. Ce n'est pas, disent-ils, l'obscurantisme qui fleurit sur le sommeil de la raison individuelle, c'est la raison collective. Présence du "nous" dans le "je" et de l'antérieur dans l'actuel, véhicules privilégiés de la mémoire populaire, sentences transmises de siècle en siècle, intelligence d'avant la conscience et garde-fous de la pensée - les préjugés constituent le trésor culturel de chaque peuple. Sous prétexte de répandre les Lumières, les philosophes se sont acharnés contre ces précieux vestiges. Au lieu de les chérir, ils ont voulu les détruire. Et, non contents de s'en défaire pour leur propre compte, ils ont exhorté le peuple à les imiter."

dimanche 23 mai 2010

Extrait - Proust et Combray

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Redirection en htm Pour bien commencer la semaine, je me suis dis qu'un peu de Proust ne ferait de mal à personne. L'introduction de Du côté de chez Swann est un petit bijou d'élégance qu'il ne faut pas hésiter à relire. Le narrateur, débutant ce long cycle d'A la recherche du temps perdu, évoque ses nuits.

On a rarement eu l'occasion de lire d'aussi belles lignes sur le sommeil, la lecture. Ce léger basculement du monde réel à celui des rêves, l'angoisse même que peut provoquer ce changement d'état. De l'éveil au sommeil. Proust nous décrit tout cela avec style, illustrant cette lutte en utilisant ces fameuses phrases. Longues, proposant des arrêts plus ou moins longs, permettant au lecteur de se poser quelques instants avant de repartir, dans l'attente que la phrase se termine. C'est le génie de Proust. De longues phrases, incroyablement construites, qui manquent toujours de s'écrouler mais ne chutent jamais.

Marcel va encore passer une mauvaise nuit

"Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était pas allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi,
j’étais libre de m’y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j’entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour."

jeudi 20 mai 2010

Bazar littéraire - Molière et les fâcheux

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Nouvel épisode du bazar littéraire. Au programme, Molière et les fâcheux. Une plongée dans l'univers du Molière moraliste.


mardi 18 mai 2010

Le concert surprise - première étape d'un roman en construction

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J'évoquais, dès le premier billet de ce blog il me semble, le suivi pas à pas de l'écriture d'un roman. Je commence dès aujourd'hui. Je suis retombé il y a peu sur quelques chapitres écrits il y a 4 ou 5 ans. Après relecture, je me suis dis qu'il était bête de laisser tomber ces quelques pages. Du coup, j'ai commencé une refonte totale de ces prémisses d'un roman. Aujourd'hui, le narrateur du roman se rend à un concert improvisé après avoir reçu un coup de téléphone d'une ancienne amie. Il s'y rend, subit la bouillie musicale des musiciens amateurs, et termine la soirée dans l'appartement d'un des musiciens. Cet extrait décrit la découverte de l'appartement par notre brave narrateur.

Le début de la souffrance

"On arriva enfin à l'appartement de Baptiste. Il vivait en collocation, comme beaucoup de gens de son espèce. Le genre de compromis médiocre qu’aime à mettre en avant les petits bourgeois avides d’indépendance. Une indépendance qui ne tient que par le vernis dont elle est enduite. Bien évidemment. Ca puait la clope, la sueur, le renfermé et même la gerbe dans certaines pièces. Baptiste et sa colocataire vivaient au milieu des CDs, des vinyles, des instruments de musique et des bières à moitié ouvertes. Une vraie porcherie indigne d’un être humain. Mais tout à fait adéquate pour un artiste type underground.

Dans le salon, on pouvait voir une table basse transparente, légèrement fêlée sur les côtés et globalement crade. Des ronds de crasse, disposées irrégulièrement sur la vitre, constituaient des témoignages fébriles d’anciennes beuveries. En face, un canapé un peu déglingué faisait office de « pose-culs ». La fesse frôlant à peine le tissu, on se sentait partir comme à la renverse. Aspiré par une entité molle qui n’avait pu lieu d’être. Disposés un peu partout, des sièges cherchaient à masquer le vide de cet antre.

Après le salon, ce fut au tour de la cuisine. Le carrelage n’était pas des plus brillants. Les jointures viraient marron. Le micro-onde était moucheté de tâches de sauce, les boites vides s'empilaient, sur la table de la cuisine ou sur le sol. Baptiste avait une certaine notion de l’hygiène qui avait de quoi surprendre. Une sorte de résurgence du baba-cool dans les années 2000. Un anachronisme à éradiquer comme un furoncle sur un postérieure.

Me dirigeant de nouveau vers le salon, je découvris la fameuse colocataire. Un joint dans les mains. Du bout des doigts, telle une fétichiste, elle cherchait à garder le plus longtemps possible son précieux objet. Elle tirait dessus à intervalle régulier, les yeux déjà rouges, l’air hébété. On pouvait dire qu’elle planait depuis un bon bout de temps.

Une fois que nous fûmes tous installés, Baptiste proposa une pizza à ceux qui en voulaient. Il était déjà 1 heure du matin. Vu l’état de la cuisine, je me suis dis que m’abstenir n’était pas une mauvaise chose. De la tête, je déclinai la proposition. Par contre, pour la bière, je n’hésitai pas un instant. Le cul vissé sur un haut tabouret noir, en cuir déchiré, j’observais tel un Zarathoustra de fortune la décadence festive d’une jeunesse ectoplasmique."

lundi 17 mai 2010

Extrait - Chateaubriand et la révolution barbare

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Redirection en htm J'avais envie de vous parler un peu de Chateaubriand aujourd'hui. Les Mémoires d'outre-tombe est probablement l'œuvre la plus riche, la plus intéressante, de l'écrivain romantique. En presque 3 000 pages, François-René nous raconte sa vie comme s'il s'agissait d'un roman fleuve, un de ces romans-feuilletons à la Dumas. Avec de nombreux rebondissements et des voyages incroyables.

L'extrait que j'ai choisi n'est pas le plus connu mais demeure fort intéressant sur plusieurs points. Chateaubriand revient à Paris en 1800, la révolution française n'est plus. Seulement, par cette description chargée, on retrouve un lexique de la désolation admirable, Chateaubriand nous fait le compte-rendu d'un monde en ruine. C'est la barbarie des idéaux qu'il cherche à dépeindre, en pointant du doigt les stigmates de ces tristes moments. L'utilisation de la devise républicaine, détournée et arrivant en plein milieu du paragraphe, reste également un modèle d'intelligence. L'écrivain construit son environnement pour mieux mettre à bas cette phrase célèbre, incarnant désormais un idéal devenu une barbarie.

Chateaubriand méprise la révolution française

"A droite et à gauche du chemin, se montraient des châteaux abattus; de leurs futaies rasées, il ne restait que quelques troncs équarris, sur lesquels jouaient des enfants. On voyait des murs d'enclos ébréchés, des églises abandonnées, dont les morts avaient été chassés, des clochers sans cloches, des cimetières sans croix, des saints sans tête et lapidés dans leurs niches. Sur les murailles étaient barbouillées ces inscriptions républicaines déjà vieillies : Liberté, Egalité, Fraternité ou la Mort. Quelquefois on avait essayé d'effacer le mot Mort, mais les lettres noires ou rouges reparaissaient sous une couche de chaux. Cette nation, qui semblait au moment de se dissoudre, recommençait un monde, comme ces peuples sortant de la nuit de la barbarie et de la destruction du Moyen Age."

jeudi 13 mai 2010

Extrait - Nietzsche et les Français

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Redirection en htm On peut trouver étrange que je parle aujourd'hui d'un philosophe dans un blog qui se veut pourtant littéraire. Seulement, je ne parle pas de n'importe qui mais de Nietzsche, notre nihiliste adoré. C'est en parcourant rapidement son livre Par-delà le bien et le mal que j'ai pu relever quelques passages bien sentis du philosophe allemand. Au-delà de la pertinence des idées, on aime chez Nietzsche son écriture qu'on pourrait qualifier, au risque de choquer les puristes, de littéraire.Un peu comme Rousseau.

Lire du Nietzsche demande un effort de réflexion, d'incessants retours mais l'exercice reste agréable grâce à ce talent de styliste de Friedrich. Pour rester dans les philosophes allemands, on obtiendrait, au mieux, un mal de crâne en lisant Kant là où Nietzsche arrive à dessiner un sourire sur notre visage. Le passage que j'ai choisi aujourd'hui nous concerne puisque notre philosophe teuton parle des Français. Un éloge finalement pas si daté si l'on considère notre époque avec un œil intransigeant.

Nietzsche aime la France

"Aujourd'hui encore, la France est le refuge de la culture la plus intellectuelle et la plus raffinée qu'il n'y ait en Europe et reste la grande école du goût : mais il faut savoir la découvrir, cette "France du goût". Qui en fait partie prend soi de se tenir caché : - ils sont peu nombreux et dans ce petit nombre, il s'en trouve encore, peut-être, qui ne sont pas très solides sur jambes, soit des fatalistes, des mélancoliques, des malades, soit encore des énervés et des artificiels, qui mettent leur zèle à rester cachés".

mercredi 12 mai 2010

Bazar littéraire - Bukowski et son journal intime

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J'inaugure aujourd'hui un petit rendez-vous concernant la littérature, cette fois-ci sous forme de vidéos. Bazar littéraire, ce sera pour moi l'occasion de critiquer quelques livres ou vous faire découvrir les grands moments de l'histoire de la littérature.

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous parler de ce brave Charles Bukowski et de son journal intime. Œuvre posthume mineure mais pas inintéressante.



A bientôt

jeudi 6 mai 2010

Le lâche et le résistant de papier

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Il est déplorable de voir comment l'on traita Céline après la seconde guerre mondiale. La polémique la plus connue, et probablement une des plus emblématiques, est celle qui confronta notre grand styliste français au philosophe Jean-Paul Sartre. L'homme qui se trompa sur à peu près tout à propos de son siècle. Céline, dans un texte admirable, giflait admirablement ce dictateur de la pensée unique qui réclamait sa tête, et ce n'est pas une image, en le qualifiant d'"agité du bocal".

 Céline nous parle de sa correspondance

C'est en lisant Nord, livre s'inscrivant dans la trilogie allemande de Céline, retraçant son périple en Europe durant la seconde guerre mondiale, que je découvris ce passage amusant dans lequel Ferdinand nous évoque son courrier. Et c'est à travers ces quelques lettres que se dresse, un peu comme Molière pouvait le faire dans ses pièces, la peinture morale des hommes. L'élaboration d'un stéréotype pertinent. Le lâche n'hésitant jamais à sauter d'un camp à l'autre pour éviter au maximum les coups de bâton.

"Je vois encore aujourd'hui même je reçois des lettres de menaces très horribles, vingt ans après, de personnes qui n'étaient pas nées...il va de soi, j'ai bien l'habitude!...je note à propos, que les lettres de menaces les plus agressives ne sont jamais signées...tandis que les lettres de l'autre bord, d'admirateurs tant que ça peut, portent toutes, les noms et adresses...gentils amateurs d'autographes!...rigolo, c'est que peut-être ce sont les mêmes qui vous préviennent qu'ils vont venir vous mettre en pièces et puis l'autre semaine, d'une autre écriture, vous trouvent l'incomparable génie qu'ils se désolent et pleurent nuit et jour à penser combien l'humanité tellement abjecte vous a traité et vous traite...beaucoup plus mal que le dernier des parricides...il faut de tout pour faire un monde, et plus que tout dans le même être...à comprendre, vous avez bonne mine!"

La résonance de cette énième digression de Céline dans le texte fait forcément penser à ces résistants de papier qui s'inventent aujourd'hui des combats, s'insurgent contre des fantômes faute de comprendre la réalité de leur temps. Ces jeunes imbéciles, qui couvent la naïveté de leur âge sous des apparats crasseux, devraient comprendre que se battre contre le nazisme ou le fascisme, avec une conception digne des années 40, est aussi inutile qu'absurde.

 Ils sont redoutables car ils ne comprennent rien

lundi 3 mai 2010

Cioran et les philosophes

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La découverte de Cioran en terminale fut assez redoutable pour moi. Alors que je me creusais la tête pour comprendre des textes philosophiques, cherchant à connaitre l'intérêt même de cette discipline, je découvris un jour Cioran. Plus précisément, la préface de son premier livre, Sur les cimes du désespoir. En quelques mots, le jeune philosophe montrait toute la vacuité de la philosophie en la confrontant à un ennemi de taille, la douleur. Même si Épicure pense que ce prestigieux domaine "soigne l'âme", force est de reconnaître que cette guérison connait rapidement ses limites.

Cioran, un philosophe contre la philosophie

"J'ai écrit ce livre en 1933 à l'âge de vingt-deux ans dans une ville que j'aimais, Sibiu, en Transylvanie. J'avais terminé mes études et, pour tromper mes parents, mais aussi pour me tromper moi-même, je fis semblant de travailler à une thèse. Je dois avouer que le jargon philosophique flattait ma vanité et me faisait mépriser quiconque usait du langage normal. A tout cela un bouleversement intérieur vint mettre un terme et ruiner par là même tous mes projets.

Le phénomène capital, le désastre par excellence est la veille ininterrompue, ce néant sans trêve. Pendant des heures et des heures je me promenais la nuit dans des rues vides ou, parfois, dans celles que hantaient des professionnelles, compagnes idéales dans les instants de suprême désarroi. L'insomnie est une lucidité vertigineuse qui convertirait le paradis en un lieu de torture. Tout est préférable à cet éveil permanent, à cette absence criminelle de l'oubli. C'est pendant ces nuits infernales que j'ai compris l'inanité de la philosophie. Les heures de veille sont au fond un interminable rejet de la pensée par la pensée, c'est la conscience exaspérée par elle-même, une déclaration de guerre, un ultimatum infernal de l'esprit à lui-même. La marche, elle, vous empêche de tourner et retourner des interrogations sans réponse, alors qu'au lit on remâche l'insoluble jusqu'au vertige.

Voilà dans quel état d'esprit j'ai conçu ce livre, qui a été pour moi une sorte de libération, d'explosion salutaire. Si je ne l'avais pas écrit, j'aurais sûrement mis un terme à mes nuits."

Sur les cimes du désespoir, de Cioran

jeudi 29 avril 2010

Céline et la campagne

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Céline fut probablement notre dernier grand styliste français dans notre littérature nationale. Avec une découpe des phrases à la hache, la multiplication des signes de ponctuation comme autant coups de poing, Louis-Ferdinand a imposé sa marque de fabrique. Et cela dès son premier roman, Voyage au bout de la nuit.  C'est la gouaille du peuple, l'oralité des faubourgs.

Avant de se caricaturer, car de livre en livre l'ancien docteur Destouches a poussé son style jusqu'à son paroxysme, quitte à devenir parfois lourd et ennuyeux, Céline est l'auteur de quelques saillies remarquables. L'extrait que je tenais à vous faire partager aujourd'hui est cette fameuse description de la campagne que livre le personnage principal du Voyage au bout de la nuit. En quelques mots, Céline nous dit tout son dégoût de la vie, des gens. Formidable porte-voix des "sans grades", Ferdinand reste un monument qu'il serait bête d'ignorer pour des raisons idéologiques.


 Rien ne vaut la compagnie des chats et des chiens

"La race, ce que t'appelles comme ça, c'est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C'est ça, la France, et puis, c'est ça les Français. (...) Arthur, l'amour, c'est l'infini à la portée des caniches, et j'ai ma dignité, moi ! que je lui réponds (...) Moi, d'abord, la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir, je l'ai toujours trouvée triste, sous ses bourbiers qui n'en finissent pas, ses maisons où les gens n'y sont jamais et ces chemins qui ne vont nulle part. (...) L'attendrissement sur le sort, sur la condition du miteux..."

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

mardi 27 avril 2010

Réflexion - La confusion des mots et des concepts

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C'est probablement la médiocrité intellectuelle ambiante qui me pousse à dresser un tel constat. Les Français font perpétuellement des confusions de mots, et à travers ces mots, de concepts. Signe suprême d'une ignorance ravageuse, les incultes posent fièrement avec sous le bras le mot récemment appris histoire de montrer à qui veut bien les regarder l'étendu de leur savoir. Je m'explique.

Lorsqu'on est jeune, fougueux, et un peu con sur les bords, on n'a bien souvent à la bouche que le mot romantisme. Les médias, collant toujours au plus près des aspirations du public, ne cessent d'ailleurs d'utiliser eux aussi ce concept du romantisme à tord et à travers. C'est que notre époque a tendance à galvauder les mots. Le romantisme, ce n'est pas un bouquet de roses rouges qu'on vient d'acheter chez les fleuristes moyennant quelques euros. Ce n'est pas un dîner aux chandelles qui coûte la peau du cul dans un restaurant. Le romantisme à la française, il faut donc relire Chateaubriand ou Musset, c'est la souffrance (car le désir est souffrance), la mélancolie, le mal de bide. Une phrase de Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe résume parfaitement ce qu'est ce romantisme made in hexagone :

Il me souille avec leur bêtise

" Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves ; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue."

Pour rester dans le même esprit, il faut savoir que les jeunes idiotes qui écrivent, en entourant le tout de cœurs boursouflés de naïveté, sur leur agenda "Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas" n'ont pas compris Les Pensées de Pascal. Car chez Pascal le cœur ce n'est pas cette pompe à sucre vissée dans votre buffet, c'est la foi. Pascal oppose la foi à la raison, la foi étant au-delà du raisonnement intellectuel, laborieux et minutieux.

La foi les amis, la foi !

Autre concept incompris, l'épicurisme. Si vous croisez quelqu'un, au cours d'une soirée ou chez le boulanger mais c'est plus rare, qui vous dit "Moi j'aime bien manger, boire, je suis un épicurien". Soyez certain d'une chose, ce couard n'a jamais lu Épicure. Il faudra alors lui conseiller de se procurer Les Lettres d'Épicure pour deux ou trois euros dans sa version poche. Le philosophie de l'antiquité définit sa notion de la fête comme un repas incroyablement austère. Un peu de pain, du fromage et au lit. Si l'on veut parler du plaisir de bien manger et de bien boire, il faut se définir comme un partisan de Dionysos et aller du côté de la mythologie.

 Je ne suis pas Dionysos bordel de merde !

Enfin, pour clore cette petite énumération, si votre ami récidive, histoire de légitimer les restants de culture qui lui collent encore au fond du cerveau, en vous disant qu'il est athée et donc cartésien faites moi plaisir. Collez lui donc un beau coup de pied au cul. Une des premières choses que démontre Descartes dès le début de son Discours de la méthode, c'est que Dieu existe.

Vraiment, y a des claques qui se perdent.

Réflexion - Les bons et les mauvais livres

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Notre époque a cela d'étonnant qu'elle est perpétuellement dans la négation de la critique. Au développement raisonné et intelligent de l'initié, on préfère l'ectoplasme modulable à souhait qui hoche tranquillement de la tête en disant "J'aime" ou "J'aime pas". Autrement dit, la subjectivité toute puissante éradiquant la critique constructive. L'émotion plutôt que la raison.

 Marc n'est qu'amour

Pourtant, on peut dire qu'un livre est mauvais, ou bon. On peut le démontrer. En abordant ce sujet, je me souviens que lors d'une discussion en classe, cette année, je me suis heurté à l'incompréhension de pas mal de mes camarades. Une de mes collègues m'a même dit, "Qui est-on pour juger ?". La réponse est simple, un initié. Par ma culture, le travail effectué sur des œuvres, ma capacité à réfléchir je peux dire qu'un Marc Levy est une merde infâme. Car, les personnages sont des stéréotypes grossiers (contrairement à un Djian qui les déforme avec malice), des histoires qui se confondent dans le pathos le plus mièvre qu'il soit doublées d'un style à peine digne de la prose d'un enfant de cinq ans.

En lisant il y a peu Comme un roman de Daniel Pennac, je suis tombé sur un passage expliquant merveilleusement bien cette distinction que l'on doit opérer entre les bons et les mauvais livres.

 Le vilain romancier qui ose réhabiliter la critique

"Pour être bref, taillons très large : disons qu'il existe ce que j'appellerai une "littérature industrielle" qui se contente de reproduire à l'infini les mêmes types de récits, débite du stéréotype à la chaîne, fait commerce de bons sentiments et de sensations fortes, saute sur tous les prétextes offerts par l'actualité pour pondre une fiction de circonstance, se livre à des "études de marché" pour fourguer, selon la "conjoncture", tel type de "produit" censé enflammer telle catégorie de lecteurs.

Voilà, à coup sûr, de mauvais romans.

Pourquoi ? Parce qu'ils ne relèvent pas de la création mais de la reproduction de "formes" préétablies, parce qu'ils sont une entreprise de simplification (c'est-à-dire de mensonge), quand le roman est art de vérité (c'est-à-dire de complexité), parce qu'à flatter nos automatismes ils endorment notre curiosité, enfin et surtout parce que l'auteur ne s'y trouve pas, ni la réalité qu'il prétend nous décrire.

Bref, une littérature du "prêt à jouir", faite au moule et qui aimerait nous ficeler dans le moule."

Merci Daniel.

lundi 26 avril 2010

Ouverture du blog

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Emil fait la gueule

Il fallait bien que je me jette à l'eau un moment donné. C'est décidé, j'ouvre mon propre blog. Un blog consacré à la littérature et au cinéma. Je poursuis toujours l'aventure levelfive.fr mais l'envie se faisait sentir de parler de mes deux autres grandes passions.

Du coup, après des jours, des semaines, que dis-je, des mois de réflexion j'ai décidé de créer ce modeste blog. Pourquoi ce titre ? Les amateurs de Cioran le sauront. Une petite explication pour les autres. Bréviaire des vaincus est le nom d'un des ouvrages du philosophe dépressif. Un titre brillant qui claque comme un fouet en cuir sur le cul d'une donzelle.

Mais attention, point de pédanterie ici, le programme sera simple et direct. Rédiger des critiques de films, de livres et vous raconter les étapes de la création d'un livre car oui, chers lecteurs, j'écris depuis déjà quelques années. Mais de projets avortés en résultats médiocres, j'avais abandonné l'idée même d'écrire. Revigorer depuis quelques jours, je me dis qu'il serait de bon ton de m'y remettre et de vous livrer cette douce progression jusqu'à, pourquoi pas, une publication bien réelle.

Il va enfin l'écrire son livre de merde !!!

L'idée de laisser les plus motivés écrire sur ce modeste blog me traverse également l'esprit. Mais n'allons pas trop vite.

Le bréviaire des vaincus s'offre à vous pour son premier jour d'existence.