Céline nous parle de sa correspondance
C'est en lisant Nord, livre s'inscrivant dans la trilogie allemande de Céline, retraçant son périple en Europe durant la seconde guerre mondiale, que je découvris ce passage amusant dans lequel Ferdinand nous évoque son courrier. Et c'est à travers ces quelques lettres que se dresse, un peu comme Molière pouvait le faire dans ses pièces, la peinture morale des hommes. L'élaboration d'un stéréotype pertinent. Le lâche n'hésitant jamais à sauter d'un camp à l'autre pour éviter au maximum les coups de bâton.
"Je vois encore aujourd'hui même je reçois des lettres de menaces très horribles, vingt ans après, de personnes qui n'étaient pas nées...il va de soi, j'ai bien l'habitude!...je note à propos, que les lettres de menaces les plus agressives ne sont jamais signées...tandis que les lettres de l'autre bord, d'admirateurs tant que ça peut, portent toutes, les noms et adresses...gentils amateurs d'autographes!...rigolo, c'est que peut-être ce sont les mêmes qui vous préviennent qu'ils vont venir vous mettre en pièces et puis l'autre semaine, d'une autre écriture, vous trouvent l'incomparable génie qu'ils se désolent et pleurent nuit et jour à penser combien l'humanité tellement abjecte vous a traité et vous traite...beaucoup plus mal que le dernier des parricides...il faut de tout pour faire un monde, et plus que tout dans le même être...à comprendre, vous avez bonne mine!"
La résonance de cette énième digression de Céline dans le texte fait forcément penser à ces résistants de papier qui s'inventent aujourd'hui des combats, s'insurgent contre des fantômes faute de comprendre la réalité de leur temps. Ces jeunes imbéciles, qui couvent la naïveté de leur âge sous des apparats crasseux, devraient comprendre que se battre contre le nazisme ou le fascisme, avec une conception digne des années 40, est aussi inutile qu'absurde.
Ils sont redoutables car ils ne comprennent rien
2 commentaires:
Vous haïssez les jeunes parce que vous êtes vieux et qu'ils vivront bien longtemps après votre mort.
Vous voyez qu'il est très facile de cracher gratuitement à la gueule de ses contemporains.
Il ne s'agit pas de haïr les jeunes mais de critiquer ces faux résistants dont je parle. Première erreur.
Seconde erreur, qui vous dit que je ne suis pas moi aussi un "jeune" ?
Enregistrer un commentaire
Laissez donc un commentaire