mardi 27 avril 2010

Réflexion - La confusion des mots et des concepts

C'est probablement la médiocrité intellectuelle ambiante qui me pousse à dresser un tel constat. Les Français font perpétuellement des confusions de mots, et à travers ces mots, de concepts. Signe suprême d'une ignorance ravageuse, les incultes posent fièrement avec sous le bras le mot récemment appris histoire de montrer à qui veut bien les regarder l'étendu de leur savoir. Je m'explique.

Lorsqu'on est jeune, fougueux, et un peu con sur les bords, on n'a bien souvent à la bouche que le mot romantisme. Les médias, collant toujours au plus près des aspirations du public, ne cessent d'ailleurs d'utiliser eux aussi ce concept du romantisme à tord et à travers. C'est que notre époque a tendance à galvauder les mots. Le romantisme, ce n'est pas un bouquet de roses rouges qu'on vient d'acheter chez les fleuristes moyennant quelques euros. Ce n'est pas un dîner aux chandelles qui coûte la peau du cul dans un restaurant. Le romantisme à la française, il faut donc relire Chateaubriand ou Musset, c'est la souffrance (car le désir est souffrance), la mélancolie, le mal de bide. Une phrase de Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe résume parfaitement ce qu'est ce romantisme made in hexagone :

Il me souille avec leur bêtise

" Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves ; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue."

Pour rester dans le même esprit, il faut savoir que les jeunes idiotes qui écrivent, en entourant le tout de cœurs boursouflés de naïveté, sur leur agenda "Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas" n'ont pas compris Les Pensées de Pascal. Car chez Pascal le cœur ce n'est pas cette pompe à sucre vissée dans votre buffet, c'est la foi. Pascal oppose la foi à la raison, la foi étant au-delà du raisonnement intellectuel, laborieux et minutieux.

La foi les amis, la foi !

Autre concept incompris, l'épicurisme. Si vous croisez quelqu'un, au cours d'une soirée ou chez le boulanger mais c'est plus rare, qui vous dit "Moi j'aime bien manger, boire, je suis un épicurien". Soyez certain d'une chose, ce couard n'a jamais lu Épicure. Il faudra alors lui conseiller de se procurer Les Lettres d'Épicure pour deux ou trois euros dans sa version poche. Le philosophie de l'antiquité définit sa notion de la fête comme un repas incroyablement austère. Un peu de pain, du fromage et au lit. Si l'on veut parler du plaisir de bien manger et de bien boire, il faut se définir comme un partisan de Dionysos et aller du côté de la mythologie.

 Je ne suis pas Dionysos bordel de merde !

Enfin, pour clore cette petite énumération, si votre ami récidive, histoire de légitimer les restants de culture qui lui collent encore au fond du cerveau, en vous disant qu'il est athée et donc cartésien faites moi plaisir. Collez lui donc un beau coup de pied au cul. Une des premières choses que démontre Descartes dès le début de son Discours de la méthode, c'est que Dieu existe.

Vraiment, y a des claques qui se perdent.

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