vendredi 31 août 2012

James Joyce et les pets de Nora

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Redirection en htm On connait James Joyce pour ses entreprises littéraires ambitieuses et complexes comme Ulysse. Roman somme dont chaque chapitre a son propre style, est un renvoi à l'Ulysse d'Homère et se réfère à la cartographie de Dublin. Oeuvre exigeante, ne se laissant pas approcher sans un effort soutenu du lecteur. Seulement, même si l'on loue plus souvent le talent de romancier de James Joyce, on oublie qu'il eut également une relation avec Nora, une prostituée.


James Joyce

Les lettres à Nora sont un concentré d'amour brute, vulgaire, sans une once de romantisme ou d'idéalisation mièvre. On parle de sexe, de pet, sans chercher la duperie et le mensonge. De belles lettres, crues, mais remplies d'une liberté de ton assez rare lorsqu'on parle d'amour. Voici une lettre à Nora parlant de pet et de branlette.


Ma douce petite pute Nora,

J’ai fait comme tu me disais, ma sale petite fille, et je me suis branlé deux fois en lisant ta lettre. Je suis ravi de voir que tu aimes être foutue par le cul. Oui, maintenant je peux me rappeler cette nuit où je t’ai foutue si longtemps par derrière. Chérie, ça a été la baise la plus dégueulasse que je t’ai jamais faite. Ma pine est restée plantée dans toi pendant des heures, te foutant et te refoutant par en dessous ta croupe redressée. Je sentais tes grosses fesses grasses en sueur sous mon ventre et je voyais ta face enfiévrée et tes yeux fous. A chaque coup de queue que je te donnais ta langue impudique jaillissait d’entre tes lèvres et si je t’en donnais un coup plus fort plus profond que d’habitude des pets bien gras bien sales sortaient en crachotant de ton derrière. Tu avais un cul plein de pets cette nuit-là, chérie, et je te les sortais en te foutant, des bons gros copains bien gras, des longs venteux, des petits craquants gai rapide et tout un tas de petits minuscules polissons de pets qui se terminaient en une coulée jaillissant de ton trou. C’est merveilleux de foutre une femme qui a des pets quand chaque coup de queue les fait sortir un par un. Je crois que je reconnaîtrais n’importe où un pet de Nora. Je crois que je pourrais repérer le sien dans une salle pleine de femmes péteuses. C’est un bruit plutôt fillette pas le pet mouillé lâche que j’imagine chez les femmes grasses. Il est soudain et sec et sale comme celui qu’une petite fille effrontée décocherait la même nuit pour rire dans un dortoir. J’espère que Nora me décochera sans fin ses pets dans la face pour que je puisse aussi connaître leur parfum. Tu dis que quand je reviendrai tu me suceras et tu veux que je te lèche le con, petite salope dépravée. J’espère qu’une fois tu me surprendras quand je dors et que je suis habillé, que tu t’approcheras furtive avec l’ardeur d’une putain dans tes yeux ensommeillés, et tu me déboutonneras doucement bouton après bouton la braguette de mon pantalon et doucement tu y prendras le gros mickey de ton amant, et que tu l’avaleras de ta bouche humide et que tu le suceras encore et encore jusqu’à ce qu’il devienne plus gros et plus raide et qu’il te décharge dans la bouche. Moi aussi une fois je te surprendrai endormie, je te remonterai les jupes et j’ouvrirai doucement ta culotte brûlante, puis je m’étendrai doucement à côté de toi et je commencerai à lécher paresseusement tout autour de ta fourrure. Tu commenceras à te remuer et à t’agiter alors je lécherai les lèvres du con de ma chérie. Tu commenceras à gémir et grogner et soupirer et péter de joie dans ton sommeil. Alors je lécherai plus vite et plus vite comme un chien vorace jusqu’à ce que ton con soit une masse de bave et que ton corps se torde sauvagement. Bonne nuit, ma petite Nora péteuse, mon dégoûtant petit oiseau fouteur. Il y a un mot charmant, chérie, que tu as souligné pour que je me branle mieux. Ecris-moi plus sur ça et toi, avec douceur, plus sale, PLUS SALE.

Jim.

James Joyce
Lettre à Nora / 1909


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jeudi 30 août 2012

BD - Hokusai, de Shôtarô Ishi no Mori

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Hokusai, de Shôtarô Ishi no Mori

Hokusai est un peintre insaisissable qui influença de nombreux artistes comme les impressionnistes français (Van Gogh…) grâce à la diffusion en masse de ses vues du mont Fuji (La Grande vague étant l’exemple le plus connu).





Hokusai est d’abord un homme ayant changé à plusieurs reprises de nom au cours de sa vie. Il s’agissait pour lui d’une renaissance nécessaire, autant humaine qu’artistique. Changer de nom, c’est changer de style, de thématique. Casser le passé pour s’élancer, neuf, vers le futur. Hokusai vécu très vieux, jusqu’à 90 ans (un exploit à l’époque), et n’eut de cesse de saisir l’humain et la Nature durant toutes ces années.



Le manga de Shôtarô Ishi no Mori est d’une grande fluidité et se découpe en chapitres se focalisant chaque fois sur un âge d’Hokusai, du plus jeune au plus vieux. Entre le dessin bouffon et sérieux, les deux oscillant, Ishi no Mori insère également des tableaux d’Hokusai de ses différentes périodes. On obtient ainsi un manga graphique, instructif, épais mais fluide. Une petite perle pour découvrir un pan de la peinture japonaise mais également un être bouleversant dans la conduite de sa vie.




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mercredi 29 août 2012

Céline et la crise du livre

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Redirection en htm Céline est certes l'auteur de romans denses, empruntant à la chronique et au genre du roman picaresque, comme Voyage au bout de la nuit ou Mort à crédit. Qu'il parle de la guerre, de l'enfance ou plus tard avec sa trilogie allemande (D'un Château l'autre...) d'une Europe plongée dans le chaos, Céline reste un écrivain massif. Ces récits ne sont jamais courts et demandent une attention soutenue du fait d'une écriture qui se complexifie au fil des écrits.


Entretiens avec le Professeur Y, de Céline

Seulement, Céline a également rédigé un court essai sous la forme d'un dialogue entre son double de papier et un interviewer (le professeur Y) : Entretiens avec le professeur Y. Un peu plus de cent pages pour un enchaînement de digressions truculentes au sein d'un seul entretien. On passe d'un sujet à l'autre avec la fougue de Céline, parfois excessif, pessimiste mais touchant souvent juste derrière des airs de carnavals littéraires. Céline critique le public, son mauvais goût tout en se moquant, en pastichant, le style de l'interview littéraire

L'extrait qui suit évoque tour à tour la crise de l'industrie du livre (déjà à l'époque) et la figure (ou le cliché) de l'écrivain qui enfante dans la douleur. Drôle et forcément singulier, du Céline en verve.

La vérité, là, tout simplement, la librairie souffre d’une très grave crise de mévente. Allez pas croire un seul zéro de tous ces prétendus tirages à 100000 ! 40000 ! … et même 400 exemplaires ! … attrape-gogos ! … Alas ! … Alas ! … seule la « presse du cœur »… et encore ! … se défend pas trop mal… et un peu la « série noire »… et la « blème »… En vérité, on ne vend plus rien… c’est grave ! … le cinéma, la télévision, les articles de ménage, le scooter, l’auto à 2, 4, 6 chevaux, font un tort énorme au livre… tout « vente au tempérament », vous pensez ! et les « week-ends » ! … et ces bonnes vacances bi ! trimensuelles ! … et les Croisières Lololulu ! … salut, petits budgets ! … voyez dettes ! … plus un fifrelin disponible ! … alors n’est-ce pas, acheter un livre ! … une roulotte ? encore ! … mais un livre ? … l’objet empruntable entre tous ! … un livre est lu, c’est entendu, par au moins vingt… vingt-cinq lecteurs… ah, si le pain ou le jambon, mettons, pouvaient aussi bien régaler, une seule tranche ! vingt… vingt-cinq consommateurs ! quelle aubaine ! … le miracle de la multiplication des pains vous laisse rêveur, mais le miracle de la multiplication des livres, et par conséquent de la gratuité du travail d’écrivain est un fait bien acquis. Ce miracle a lieu, le plus tranquillement du monde, à la foire d’empoigne, ou avec quelques façons, par les cabinets de lecture, etc…, etc… Dans tous les cas l’auteur fait tintin. C’est le principal ! Il est supposé, lui, l’auteur jouir d’un solide fortune personnelle, ou d’une rente d’un très grand parti, ou d’avoir découvert (plus fort que la fusion de l’atome) le secret de vivre sans bouffer. D’ailleurs toute personne de condition (privilégiée, gavée de dividendes) vous affirmera comme une vérité sur laquelle il n’y a pas à revenir, et sans y mettre aucune malice : « que seule la misère libère le génie… qu’il convient que l’artiste souffre ! … et pas qu’un peu ! … et tant et plus ! … puisqu’il n’enfante que dans la douleur ! … et que la Douleur est son maître ! … » (M. Socle) … au surplus, chacun sait que la prison ne fait aucun mal à l’artiste… au contraire !

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mardi 28 août 2012

Frederik Exley et la mort du père

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Frederik Exley fait parti de ces écrivains étranges qui marquent par une production littéraire mince mais percutante. Point de grandes entreprises, point fourgaisons annuelles, Exley est l'homme d'un seul livre : Le Dernier stade de la soif.


Frederik Exley

A l'instar de Charles Bukowski, Exley est un écrivain nord-américain, alcoolique, qui vit pleinement la vie douloureuse des délaissés de l'American Dream. Le lire, c'est toucher au plus près la réalité de ces nécessiteux, besogneux de l'ombre, qui souffrent et qu'aucun écrivain (à moins d'en être) ne peut connaître. A Fan's Notes, titre original, montre au lecteur un parcours sinueux d'homme dérivant, passant du grotesque au sublime, du drolatique à l'émouvant. Une palette d'émotions servie par une très belle traduction française. On découvre tardivement Exley, un talent d'un bloc, brut.

L'extrait ci-dessous permet de découvrir une facette d'Exley. Un écrivain de la tendresse, de l'émotion qui ne cherche pas à tirer des larmes, à se vautrer dans un pathos grossier et un peu gênant. Exley raconte, simplement, sobrement, la mort du père, son père.

Face à la mort, mon père fut bien différent. Il n’était, bien évidemment, plus du tout dur. Le cancer des poumons avait superbement fait son boulot, et si mon père avait jadis semblé parfaitement incarner le prolétaire, dans la mort, il aurait pu passer pour un aristocrate, ou un grand poète mort à l’aube de sa carrière. D’un calme apparent, il semblait avoir été rongé par une vision, tel un prophète spectral, devenu muet par excès de savoir. Mais j’étais incapable de faire face à de telles images. Il pesait une trentaine de kilos, et dans l’une de ces impardonnables plaisanteries dont les membres de sa profession aiment faire de nos cadavres les objets, le croque-mort avait ôté son rictus figé et mélancolique. L’effet d’ensemble – son corps ravagé, le fond de teint ocre, le rouge à lèvres et l’odeur lourde et capiteuse des roses funéraires – compromettait sérieusement sa virilité. Rien ne suggérait les mois d’agonie et d’interminables angoisses, angoisses qui, lors des derniers stades de la maladie, avaient atteint une telle immensité qu’un jeune médecin, dans un sursaut d’impuissance, avait dû asséner une gifle à mon père. Je comprends son geste. Mon père était arrivé au point où les doses massives de morphine ne le réconfortaient plus, et je suppose que ce débutant, terrifié par son incapacité à répondre aux supplications de mon père, en quête d’un soulagement impossible, avait levé la main non pas sur lui mais sur sa propre ignorance. Il me fallut cependant un bon bout de temps avant de le comprendre et de le lui pardonner. Pendant des années, j’avais caressé le fantasme de retrouver ce chirurgien, de le mettre à terre et de lui enfoncer d’un coup de pied les dents jusqu’au fond du crâne.

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vendredi 17 août 2012

BD - Melo Bielo de Besseron et Felder

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La bande dessinée française, ou franco-belge pour ratisser large, offre parfois de vraies expériences loufoques. Là où le cinéma se montre plus frileux (et je ne parle pas de la littérature française, c'est pire), il est loin le temps de la bisserie italienne des années 70, la bande dessinée n'hésite pas, libérée de trop grandes contraintes financières, à imaginer des récits absurdes difficilement classables.


Melo Bielo, de Besseron

C'est le cas de ce Melo Bielo de Besseron et Felder. L'histoire raconte les périples d'un camionneur ordinaire, à l'exception que ce dernier est passionné de tennis slave. Du coup, lors d'une livraison vers les pays de l'Est, notre amateur de balle jaune va tenter d'approcher ses stars.  Bien évidemment, le périple n'est pas de tout repos et bien rapidement la livraison, une baleine, va rameuter quelques nuisibles (beaufs, mafieux de l'est, Belges hystériques...). De nombreuses caricatures, une histoire d'amour improbable, un grand foutoir jouissif.


La déprime du camionneur 

Les auteurs maîtrisent l'art de la narration par la bande dessinée. L'ensemble est d'une grande fluidité et dit sans dire. On apprécie les quelques pleines pages délirantes qui font penser aux plus jolies créations des Requins Marteaux, les enchaînements silencieux et le style graphique tout en grands aplats.


Érotisme sportif

Un one shot rapide, efficace et drôle. Une bande dessinée à lire d'urgence pour constater que ce média de l'image est décidément plein de ressource.


Rêve alcoolique

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mardi 7 août 2012

BD - La Mort de Staline, de Nury et Robin

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On peut être étonné de voir ici, au Bréviaire des Vaincus, une chronique d'une bande dessinée. Pourtant, il n'y a là rien de choquant. La bande dessinée n'est pas essentiellement un média du texte, même s'il l'utilise, mais reste une production papier souvent intéressante. Du coup, en découvrant cet univers, j'ai trouvé dommage de ne pas partager mes plus belles découvertes. Lire une bande dessinée, c'est différent de lire un roman ou un essai, mais cela reste de la lecture. Alors, à côté d'un Proust ou d'un Flaubert, pourquoi ne pas lire une bande dessinée ?


La Mort de Staline, de Nury et Robin

La Mort de Staline, de Nury et Robin, est une courte série en deux tomes. La chronique d'aujourd'hui porte sur le premier tome. Quel est le sujet ? Comme le titre l'indique, les deux auteurs cherchent à raconter les dernières heures du dictateur russe. Seulement, les archives de l'URSS étant confuses et complexes, Nury et Robin jonglent entre la restitution "fidèle" et l'imagination.


La joie du traître

On suit ainsi, sur quelques dizaines de pages, une narration fluide, rapide, avec un goût de la mise en scène efficace sans trop d'artifices. On reste sérieux, cohérent tout en ne tombant dans les travers de la bd didactique (bavarde, lourde, parfois moralisatrice et souvent très laide graphiquement parlant). 


Alliance politique

Staline est victime d'une attaque cardiaque alors qu'il songeait à écouter un disque de musique classique. A partir de là, la machine s'emballe. Les cadres du Parti se réunissent, enchaînent réunion sur réunion, n'osent pas prendre de décision car ils craignent des représailles (les procès de Moscou sont dans les mémoires, autocritiques...). Entre les peureux et les traîtres qui profitent de cette occasion pour abattre leurs cartes, c'est un bal des vices humains qui se déroule sous les yeux du lecteur. La démonstration d'une dictature broyant l'humain et s'affolant lorsqu'un grain de sable vient se loger dans l'appareil (ici, la mort du Maître).


Autopsie brutale

Nury et Robin restituent avec force la paranoïa et les jeux d'alliances. Personne ne sort vraiment grandi de cette histoire, néanmoins le tableau n'est jamais surchargé. Pas de caricatures diffamantes du type "anti-communisme primaire". Un premier tome réjouissant et fort intelligent, à voir si la suite est aussi prometteuse.

samedi 4 août 2012

Voltaire et l'ironie

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Redirection en htm Voltaire est un personnage ambigu. Il se prétend philosophe mais ne produit aucun concept (le Dictionnaire philosophique est plus un recueil de réflexions qu'une réflexion philosophique), il écrit sur la tolérance (Traité sur la tolérance) mais se montre hargneux à l'égard de Rousseau allant jusqu'à falsifier des documents pour jeter l'opprobre sur le philosophe franco-suisse, etc.

Pourtant, il serait très excessif de condamner l'intégralité de l'oeuvre de Voltaire sous prétexte que le personnage fut ambigu et que l'ambition qu'il se prêtait ne se traduisait jamais vraiment dans les faits. Que retenir de Voltaire ? Un grand talent de satiriste. S'inscrivant clairement dans la voie du libelle polémique, Voltaire a l'intelligence de donner une nouvelle forme à cette critique frontale et souvent peu subtile : le conte philosophique.


Voltaire

Derrière cette expression un brin pompeuse, on retrouve surtout de courts récits, souvent drôles, cherchant à tourner en dérision certaines personnes, ou idées, ainsi qu'à porter quelques estocades. Dans Candide, Voltaire critique la philosophie de Leibniz en la caricaturant ("Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles"), comme il le fera avec Rousseau, mais ce n'est pas cela qu'il faut retenir. Sa critique est faible, grossière mais son écrit est éminemment drôle et bien mené. Voltaire joue de l'ironie et de la satyre avec brio.

L'extrait ci-dessous, de Candide, en est une belle illustration. Cunégonde surprend le docteur Pangloss, sophiste se faisant passer pour un philosophe, forniquant avec la femme de chambre. Derrière le langage ampoulé, les concepts et le développement intellectuel se cache en réalité une scène scabreuse. Voltaire caricature pour le plaisir du lecteur la philosophie de Leibniz en la transposant à une telle scène.


« Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu’on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile. Comme mademoiselle Cunégonde avait beaucoup de dispositions pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s’en retourna tout agitée, toute pensive, toute remplie du désir d’être savante, songeant qu’elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne ».

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vendredi 3 août 2012

Catulle et l'amour physique

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Redirection en htm On ne se rend pas compte à quel point la sensibilité d'aujourd'hui, en Occident, est clairement le fait d'une influence chrétienne qui se fit sur plusieurs siècles. Les notions de pudeur, de résistance à la vulgarité sont autant de marques de la pensée biblique. La sensibilité qui en émane est profondément en opposition avec ce que l'on pouvait lire, par exemple, à Rome quelques décennies avant la naissance du Christ.

Au temps de l'Antiquité romaine, la liberté de ton était plus forte. Certaines pratiques, réprouvées par l’Église, comme l'homosexualité, étaient tolérées. En découvrant Catulle, poète romain, je découvris également un nouveau rapport au corps mais aussi à ce que l'on appelle encore parfois "les bonnes mœurs". Les poèmes de Catulle sont souvent vulgaires pour nos oreilles d'occidentaux christianisés, de gré ou de force, mais sont surtout d'une grande drôlerie. La poésie ne se résume pas à quelques pauses mélancoliques de romantique français, elle peut aussi se faire plus directe et cocasse. Voici un extrait d'un poème de Catulle illustrant à merveille ce poète de l'outrance.

Catulle
« Thallus l’enculé, plus mou que le poil du lapin, que la moelle de l’oie, que le fin bout de l’oreille, que le membre flasque du vieillard, que la toile moisie de l’araignée, Thallus, plus rapace aussi que les tourbillons de la tempête, quand la lune tem ontre les hens du vestiaire qui bâillent, renvoie-moi mon manteau que tu m’as volé, mon moncoir de Saetabis et mes broderies thyniennes, que tu étales à tous les yeux, imbécile, comme un legs de tes ancêtres. Décolle-moi tout cela de tes ongles et renvoie-le moi, sinon sur tes petites côtes velues et sur tes mains mollettes les coups de fouet brûlants laisseront leurs traces honteuses et tu t’agiteras de manière insolite comme un frêle esquif surpris sur la mer immense par un vent furieux. »
 
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mercredi 1 août 2012

René Fallet et les architectes

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Souvent dans l'ombre de George Brassens, on oublie que l'ami du chansonnier à la moustache était aussi un truculent styliste, pourfendeur des détenteurs de ce que Murray appellera "L'Empire du Bien". Du côté du peuple, de ce peuple que l'élite appelle parfois la populace quand elle est excédée par son comportement, René Fallet ne cesse d'être un amoureux du verbe et des plaisirs simples. Il suit le cyclisme, pratique la pêche et la pétanque. Un homme simple qui écrit un peu comme Céline, avec cet ardent désir de retrouver l'oralité par l'écrit. 

L'extrait qui suit, issu d'Un Idiot à Paris, est une des ces savoureuses digressions propres à René Fallet. Le romancier parle des architectes, des "toujours contents" et, forcément, du rapport de cet élite aux râleurs français, le peuple en somme. Incisif et bien troussé, un styliste populaire comme on en fait malheureusement (presque) plus.


René Fallet

(...) Mets-toi dans le citron, Goubi, que les types qui construisent les HLM et ceux qui écrivent qu'il n'y a rien de mieux que les HLM pour les minus - ils sont "chauffés, ils ont l'eau et le vide-ordures, c'est merveilleux, qu'ils disent - ils se gardent bien d'y habiter, pas fou! C'est au coin du feu de bois, à Neuilly, ou à Passy, qu'ils nous mijotent ça, les architectes et les entrepreneurs, pas loin de la bonne à Madame en fourrure qui vote communiste avant de s'envoyer en l'air dans les petits studios de la rue de Berri. Les autres, au rayon publicité, ceux qu'ont le stylo en bois des îles et en flûte de Pan, si tu as le malheur de renauder, de rouscailler, ils te pourfendent : "De quoi! Vous préfériez les taudis, hein! Vous êtes un passéiste! Connaissez rien au monde moderne! Vous êtes pas encore assez minable d'abord! Pas assez serrés dans le métro! Dix étages seulement à vos immeubles, nous en faut quinze, vingt, trente, on s'en fout! Vous connaissez rien à la politique! Comment on le sait? Y'a qu'à voir comment vous votez pour être au courant! Nous faut soixante-quinze millions d'habitants, en France, plus si vous voulez, pas un de moins en tout cas, vu que c'est là l'optimum de la population, c'est Debré qui le dit! Quelqu'un Debré! Député de la réunion! Un crack! Plus vous serez de lapin dans la cage, plus vous aurez de carottes, officiel !" Voilà ce qu'ils disent des jamais contents, les toujours contents. (...)