jeudi 10 janvier 2013

Du Bellay et la défense de la langue française

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Même s'il est difficile de dater efficacement le mouvement humaniste en France, il n'en demeure pas moins que les humanistes français eurent une importance capitale dans l'évolution de la langue française. A une époque où les savoirs étaient l'apanage du latin, du grec, voire de l'hébreu, les écrivains de la Pléiade appuyèrent les initiatives politiques de François Ier, ordonnance de Villers-Cotterêts, pour faire du français une langue aussi noble que ses consoeurs.

Le français de l'époque n'était pas aussi normé qu'aujourd'hui. Il ne s'agissait pas d'une langue standard, ayant la stature d'une langue nationale, mais un panachage de dialectes. Accompagnant la mission unificatrice, politique, du roi, les écrivains de la Pléiade oeuvrèrent donc en français (poèmes de Ronsard, romans de Rabelais...) afin de prouver que leurs lointains camarades (artistes de l'Antiquité comme Homère) n'étaient pas le seuls à détenir les clés de la grande littérature.



Essai court, et très connu, Défense et Illustration de la Langue française de Joachim Du Bellay reste encore aujourd'hui une déclaration d'amour puissante au français. Du Bellay démontre en quoi le français est une belle langue, apporte des idées pour améliorer la langue et surtout lui déclare sa flamme. 

En relisant cette défense, je fus surpris à quel point les propos de Du Bellay pouvaient être d'actualité. Après tout, une langue n'est jamais éternelle, elle peut disparaître, devenir "morte" (latin, grec, des langues que les étudiants fuient de plus en plus, surtout au lycée. Ce qui signifie se couper d'une partie de notre héritage puisque nous sommes d'une culture européenne nous Français) ou connaître une véritable dévaluation du fait de l'incursion d'éléments étrangers (anglicisme, mots provenant de langues extra-européennes, etc.) voire d'un remplacement progressif. 

Une langue se nourrit des autres, c'est cela qui lui donne sa vitalité. Mais une langue doit aussi défendre son excellence et son assise. Le communautarisme est une volonté globale de faire sécession.  Autant du point de vue commerçant (commerces marquant une appartenance religieuse, ethnique), que du point de vue linguistique. Constater des tracts chinois pour des recrutements dans le 13ème arrondissement de Paris (cas déclinable pour d'autres communautés dans d'autres arrondissements), c'est constater le recul de la culture française, la petite mort de sa langue. 

Relire Du Bellay, c'est comprendre à quel point le rapport à notre langue doit prendre des airs de lutte (La Pléaide se définissait bien comme une "brigade"). Lutte contre les particularismes étrangers, contre la facilité (langage SMS, textes truffés de fautes de vocabulaire, de grammaire...). Comme un vêtement bien choisi, bien porté (donc pas de jogging au travail ou à un entretien d'embauche), la langue est le signe de l'effort, du respect d'autrui, de la volonté de s'extraire d'une misère sociale. Le vivre-ensemble commence par le respect du français standard. Le vivre-ensemble commence par le partage d'une culture nationale, donc d'une langue nationale.

"Pour conclure ce propos, sache, lecteur, que celui sera véritablement le poète que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, éjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner, bref, qui tiendra son plaisir"

" Le principal but où je vise, c'est la défense de notre langue, l'ornement et amplification d'icelle, en quoi si je n'ai grandement soulagé l'industrie et labeur de ceux qui aspirent à cette gloire, ou si du tout je ne leur ai point aidé, pour le moins je penserai avoir beaucoup fait si je leur ai donné bonne volonté"

"Pourquoi donc sommes-nous si grands admirateurs d'autrui ? Pourquoi sommes-nous tant iniques à nous-mêmes ? Pourquoi mendions-nous les langues étrangères, comme si nous avions honte d'user de la nôtre ?"

"Il me semble (lecteur ami des Muses françaises) qu'après ceux que j'ai nommés, tu ne dois avoir honte d'écrire en ta langue : mais encore dois-tu, si tu es ami de la France, voire de toi-même, t'y donner du tout, avec cette généreuse opinion qu'il vaut mieux être un Achille entre les siens qu'un Diomède, voire bien souvent un Thersite, entre les autres"

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