Mutant Hanako est une oeuvre déroutante pour plusieurs raisons. Il s'agit tout d'abord d'un manga pornographique et politique. Le "et" n'est pas de trop. Par une veine sexuelle, les pénétrations ne sont pas masquées, Aida aborde plusieurs sujets politiques comme le rapport Etats-Unis/Japon (entre amour et haine), le souvenir des sévices du passé (les bombes nucléaires, etc.), etc. A une époque qui utilise plus que jamais la pornographie comme industrie de pure consommation "débilisante" (des scènes explicites mais pas de propos), il est étonnant de retrouver un sens critique comme on pouvait en voir dans les débuts du porno français au cinéma, par exemple.
L'autre élément qui déroute le lecteur, c'est la relative simplicité du trait. Qu'on ne s'y trompe pas, Makoto Aida sait dessiner, il ne s'agit pas d'une absence de maîtrise. Au contraire, tout le travail d'Aida est de dessiner comme un enfant : le trait brouillon, une colorisation hasardeuse aux crayons de couleur, le froissement du papier rappelant le cahier crayonné de l'écolier, etc. Cet objectif esthétique est pleinement rempli et a le mérite d'offrir un étonnant décalage entre le propos (cru et politique) et la forme (enfantine et a priori naïve).
Dans Mutant Hanako, le Japon est en guerre avec les Etats-Unis. Alors que le pays du soleil levant est en pleine crise, à deux doigts de la défaite totale, une jeune femme, Hanako, est désignée comme étant l'élue. Elle va alors livrer de difficiles combats pour sauver son pays.
En choisissant l'outrance et le bouffon, Aida nous montre les similitudes et différences des deux nations; parodie les codes du manga grand public (l'affrontement en plusieurs phases du grand méchant, les éternels rebondissements sans fin, etc.), renoue avec une tradition de l'étrange et du déviant singulièrement japonaise (déviance encore observable dans le cinéma de série B japonais, actuellement, avec des films comme Dead Sushi).
Politiquement, les lectures sont diverses. On peut opter pour la bouffonnerie sans fond (choquer pour choquer), ou pour le message premier degré : anti-américain et revanchard. Peu importe au final, l'essentiel étant que l'on se retrouve face à un manga hors-normes, qui ose tout quitte à choquer son lecteur. Et ça, dans la production actuelle, c'est tout de même assez rare. Probablement le fait que Aida n'est pas un mangaka ordinaire, payé aux prépublications, mais un artiste multi-cartes.
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